Pascal Thibeault est un homme de coeur et d’action avec des valeurs intrinsèques d’abnégation, de persévérance et d’altérité, surtout d’amour pour son prochain; notamment les plus petits, les oubliés de la société. Son rêve qui l’habite depuis sa tendre enfance, c’est celui de devenir missionnaire dans un pays en voie de développement. C’est une réalité depuis vingt-cinq années déjà, au Cameroun; à Yaoundé plus précisément, auprès de centaines d’enfants orphelins ou de la rue. C’est donc avec un bagage pastoral et religieux qu’il exerce son diaconat. Ses proches qui l’ont suivi dans son parcours des plus sinueux diront que celui-ci applique dimension de praxéologie et pastorale au quotidien En effet, Pascal a été consacré diacre permanent il y a déjà deux ans sous l’autorité bienveillante de Mgr Guy Christian Bikié. M. Thibeault est conscient de la tâche titanesque qu’il doit entreprendre dans la communauté mission Sainte-Rita dans ce pays africain qu’il affectionne tout particulièrement. Aussi, Pascal se laisse découvrir avec authenticité, avec sensibilité et compassion. Si les gens définissent ce dernier au premier degré, l’on s’apercevra qu’il est intense, droit avec des valeurs axiologiques conséquentes à ses actions auxquelles il s’engage, toujours dans le but de venir en aide aux plus démunis. C’est l’homme de conscience, tel quel!
Déjà plus de vingt-cinq ans d’implication humanitaire au Cameroun, Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir le Cameroun?
Dès sa tendre enfance, Pascal s’est senti interpellé sur le plan missionnaire; vers l’âge de cinq ans, il était attiré, tel un aimant par des émissions à caractère humanitaire telles que Vision mondiale, Oxfam Québec, pour ne citer que celles-là. Le petit Pascal voyait déjà la misère qui enveloppait une partie de l’humanité puisqu’il a souffert lui-même en bas-âge de sévices subis par son père. Bien sûr, il se savait appelé en Afrique mais il ignorait la destination précise de sa mission. En tous les cas, il avait la certitude, au fil des années, qu’il pourrait apporter aide et réconfort auprès des déshérités. Or, Pascal a connu des Camerounais au cours de ses études universitaires au Saguenay et s’est pris d’affection pour ce pays d’Afrique centrale en particulier. Il savait qu’il pouvait faire découvrir une facette de sa personnalité; un sens de la logistique hors du commun qu’il ferait bénéficier à davantage d’orphelins et de bénévoles autour de lui. Du reste, celui-ci est en mesure d’évaluer un projet à court moyen et long terme de façon structurée sans jamais se départir de son humanisme. Ceux et celles qui le connaissent bien confirment qu’il procède toujours par étapes.Un autre aspect indissociable de son choix du Cameroun, c’est qu’il avait perçu chez ces citoyens africains une volonté de s’en sortir de façon responsable et digne.
Pourquoi l’aide humanitaire?
Outre le fait de toujours avoir été interpellé, je pense avoir bien saisi l’importance des enjeux sociétaires véhiculés par une telle forme d’aide. De fait, n’oublions pas les impacts à plus ou moins brève échéance sur le plan économique et psycho-émotionnel chez les populations visées d’Afrique, dans ce cas-ci, le Cameroun. Vous savez, l’aide humanitaire se définit sur au moins trois niveaux d’intervention; l’économique et le social étant généralement les plus urgents. J’ai appris au fil des expériences que l’aide humanitaire nécessite, voire exige des structures qui s’échelonnent souvent sur plusieurs années. Je dois préciser notamment que l’Afrique, dans son ensemble est vraisemblablement le continent le plus oublié ou livré à luimême comparativement à l’Amérique du sud, l’Asie ou l’Océanie. C’est donc un autre aspect de mon choix de l’Afrique comme lieu d’aide immédiate. Par exemple, si l’on doit fournir une quantité précise de denrées alimentaires, il faut s’assurer de planifier le nombre exact de boîte de nourriture. Je sais également qu’il existe des variables dont il faut tenir compte lors qu’on intervient auprès des populations et ce n’est pas toujours facile même si c’est gratifiant. Dans l’humanitaire, il faut voir à court, moyen et long terme, au risque de me répéter.
Pascal anime une émission de radio : La diversité camerounaise, Pourquoi?
Effectivement, j’anime une émission à caractère socio-culturel à la station radiophonique CKAJ-FM, 92,5 dans ma région natale au Saguenay, dans la province de Québec. Ainsi, j’éprouve beaucoup de plaisir et d’entrain à interviewer des invité( e)s camerounais et camerounaises à mon émission dans le dessein de faire connaître davantage les artistes de votre beau pays, et qui sont, je le reconnais, peu connus au Québec, encore moins dans ma région d’origine. Lorsque j’ai relevé ce défi d’animation, j’avais certes une expérience de plusieurs années en tant que personne interviewée au niveau des médias mais peu de pratique comme animateur. Je dois vous confier que, grâce à une équipe dynamique et expérimentée, j’ai pu entamer un genre de carrière qui me plaît vraiment, même à titre bénévole. Encore une fois, je le dis avec sincérité, c’est dans le but constant de sensibiliser mes compatriotes à la nécessité de solidarité envers nos frères et soeurs du Cameroun que je partage mes expériences, coups de coeur musicaux et autres découvertes artistiques. La culture camerounaise est très riche et je conçois aisément qu’il faut plusieurs émissions pour en explorer et faire découvrir toutes les facettes. C’est véritablement un plaisir renouvelé et je crois que nos cotes d’écoute déjà intéressantes, s’amélioreront avec un contenu de plus en plus intéressant et pertinent.
Qu’est-ce qui explique ton amour pour le Cameroun et sa culture…?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été amoureux fou de l’Afrique et davantage du Cameroun. Bien sûr, cela ne s’explique pas toujours rationnellement mais je ne crois pas me tromper en affirmant que j’aime le tempérament résolu, qui ne se laisse pas abattre, démontrant souvent beaucoup de gratitude envers leurs semblables et les étrangers qui leur tendent la main. Je ne vous cacherai pas que je trouve votre peuple beau au sens le plus noble. Pour ce qui est de votre culture, je la trouve vraiment diversifiée. Juste à titre d’exemple, j’aime beaucoup des airs musicaux, les chansons et la danse, le bikutsi. Il n’y a pas juste cela. Comme vous le savez peut-être, je connais davantage de personnes, loyales et sincères, au fil des ans. J’ai perçu dans celles-ci un niveau de solidarité que plusieurs de mes compatriotes auraient intérêt à imiter. J’allais oublier de vous citer, mon péché mignon, tous les plats que j’ai eu le plaisir de savourer, tels que le poisson braisé, le plantain frit et autres délices alimentaires abondants de votre nation. Il y a autre chose qui retient mon attention; on retrouve beaucoup de couleurs à tous les niveaux, pas uniquement des saveurs déjà riches d’ailleurs! En outre, les gens ont des façons diverses et originales de converser avec moi. Je pense aussi sincèrement que les échanges interpersonnels s’améliorent à chacune de mes visites au Cameroun.
Tu organises des événements avec les artistes camerounais? Peux-tu nous parler de tes expériences?
Annuellement, il est très important pour nous d’organiser deux activités pivot pour venir en aide aux enfants orphelins; la première est axée sur la scolarisation, à la rentrée des classes, lorsque les enfants reçoivent du nouveau matériel scolaire et d’appoint. Nous visons toujours à envoyer plus de cinq cent de ceux-ci à l’école. Aussi, la deuxième activité consiste en « L’arbre de Noël des enfants » où l’on distribue plus de quatre cent-cinquante repas chauds, sans oublier le même nombre de présents grâce à l’aide généreuse et soutenue de bénévoles tant du Canada que du Cameroun. Il est pertinent de préciser que de nombreux artistes camerounais, hommes et femmes apportent leur soutien de quelque façon que ce soit à ces enfants. C’est d’ailleurs avec plaisir et gratitude que nous nous sentons épaulés par ces gens de coeur. Or, comme vous vous en doutez, tout cela exige une logistique organisationnelle pratiquement sans failles mais cela fait plaisir. Au fil des ans, la progression de l’aide des bénévoles, des artistes et de la population en général ne peut que se faire sentir. Du reste, j’ai découvert que dans un esprit de solidarité, tous ces gens répondent présent à l’invitation du Groupe d’entraide Yeux du Coeur du Canada et de l’association Groupe d’entraide Yeux du Coeur du Cameroun. À chaque année, il y a des surprises souvent très agréables à tous les niveaux.
Quelles sont tes attentes et perspectives…?
D’entrée de jeu, je ne me crée pas d’attentes indues mais je veux profiter ici, dans votre magnifique revue, pour souligner toute l’importance significative et axiologique du vivre ensemble. J’ai longuement observé la valeur des liens interpersonnels et de celle des contacts que nous désirons entreprendre et maintenir pour une bonne entente. C’est d’autant plus nécessaire qu’il y a des projets qui en appellent à une expérience tangible, sur le terrain. Je vois donc l’importance de réunir des domaines d’expertise diversifiées et surtout, j’insiste encore, des personnes de coeur en mesure d’accompagner les gens avec un souci de transparence dans nos actions autant immédiates qu’à long terme. Il faut ainsi créer des conditions d’harmonie et de bonne entente. Il est vrai que je reviens souvent sur cet aspect que je trouve tellement primordial. Ma philosophie se résume vraiment à l’effort constant dans l’aide apportée. Pour ce qui est des perspectives, j’essaie, autant que possible, de porter un regard optimiste sur les réalisations déjà complétées ou à entreprendre. Du reste, Rome ne s’est pas bâtie en un jour. Au fait, je crois tellement en la valeur déontologique de la patience et je pense que beaucoup de personnes, des bénévoles…partagent mon avis sur ce point. J’ai toujours pour objectif et dans l’esprit que les meilleures perspectives sont encore à réaliser. Il est vrai que l’on ne peut pas toujours prédire l’avenir avec exactitude mais, chose certaine, je vois davantage de gens nous soutenir à tous les niveaux et c’est rassurant…je crois!
Un mot pour le peuple camerounais….?
Certainement! Je peux vous parler de gratitude car c’est exactement ce que je ressens dans mon coeur à l’égard du peuple camerounais. D’abord, j’ai toujours été bien accueilli pour moimême comme pour mes actions à chacune de mes visites dans votre pays. Or, je n’ai pas vraiment de conseil et surtout pas de morale à vous imposer mais je crois utile de vous encourager dans tous vos beaux efforts déjà entrepris de manière pacifique et soutenue. Je crois utile également de vous confier que nous avons de plus en plus besoin du soutien moral de tous et chacun d’entre vous dans un appel authentique à la collaboration mutuelle. Il est donc vrai que l’on vise l’unité. Sur cet aspect, j’ai confiance que l’on réalise d’autres projets concrètement. Comme vous vous en doutez, j’aime les objectifs réalistes et palpables et je les aime bien définis, en toute simplicité, avec des étapes où personne ne sera laissé de côté. Comme j’ai un esprit collectif, je connais l’importance de la solidarité et de l’étapisme car je ne fais rien à moitié. Dans ce sens, je crois que vous pouvez entreprendre possiblement des petits projets en apparence mais avec conviction et où la dimension humaine prédomine. En somme, c’est une invitation à oeuvrer vers la construction graduelle d’un Cameroun encore plus dynamique. Merci de votre diligence!